Lucas Dauffer est judoka, avec le statut de sportif de haut niveau (SHN), mais aussi apprenti en génie électrique (FIP GE4). L’entreprise qui l’accueille, Soframe, conçoit et fabrique des véhicules blindés pour la défense. Il prouve qu’il est possible de concilier les trois : sport, études et entreprise.
par Stéphanie Robert
Avec sa carrure d’athlète et son skateboard, Lucas Dauffer dégage de suite une allure sportive. Ce qui n’étonne guère puisqu’il pratique le judo depuis qu’il est enfant, au départ pour « faire comme ses potes ». En 2008, avec ses résultats comme cadet dans son club de Franche-Comté, il obtient le statut de sportif de haut niveau au lycée de Besançon puis de Strasbourg, où il passe son bac S en trois ans. Il poursuit ses études en DUT mesures physiques, sans le statut SHN, mais avec la compréhension de ses professeurs. L’année suivante, il est accepté à l’INSA Strasbourg, en génie électrique par alternance (FIP GE) « L’apprentissage n’était pas forcément un choix au départ, mais avec le recul, je trouve la formule beaucoup plus enrichissante que la formation initiale » dit-il.
« J’ai réussi à trouver ma place »
Depuis septembre 2016, il passe la moitié de son temps chez Soframe, une filiale de Lohr basée à Duppigheim, près de Strasbourg. L’entreprise d’une cinquantaine de salariés conçoit des véhicules pour l’armée : véhicules de transport, de logistique, ou d’intervention et de dispersion, comme celui sur lequel travaille Lucas. Sa mission est de développer le réseau électrique de la cabine blindée d’un camion utilisé pour disperser les foules. Ce qui comprend l’alimentation des équipements militaires, de l’éclairage, des consoles de commandes et des options. Le reste (châssis, hydraulique) est assuré par les partenaires de l’entreprise, avec lesquels il collabore.
« J’ai réussi à trouver ma place, les gens font appel à moi maintenant » dit-il. Pour lui, l’intérêt de l’alternance est l’expérience des problématiques en entreprise, de l’organisation du travail et des projets, du relationnel. Il ajoute : « Mon tuteur a 38 ans d’expérience dans l’entreprise, il me la transmet. Il me prend un peu sous son aile. Je sais ce que j’ai à faire, je gère les priorités en fonction des dates butoir, je suis autonome ».
Combativité, implication
Michel Deschler, son tuteur chez Soframe : « Avec mon responsable, lui aussi sportif de haut niveau, nous avons choisi Lucas car ce profil laissait entrevoir des qualités que nous recherchions : l’initiative, la capacité à prendre des décisions, la combativité. Nous n’avons pas été déçus. Il sait s’adapter, faire des efforts quand il faut. On sent son esprit de compétiteur. Je laisse une grande autonomie aux étudiants et apprentis pour favoriser et stimuler leurs compétences, qu’ils puissent exprimer toutes leurs capacités. Je suis très content de Lucas, de son état d’esprit, de son implication. Je suis fier de lui car cumuler le sport de haut niveau, les études et le travail, ça mérite les félicitations »
Priorité : diplôme d’ingénieur et compétences
La pratique du judo apporte également à Lucas de la maturité, lui apprend à gérer ses émotions et le stress, « à donner le meilleur de soi » confie-t-il. Il s’entraîne trois soirs par semaine et suit une préparation physique le week-end (footing, cardio-training…), sans compter les compétitions. Depuis tant d’années, concilier sport et études lui est familier. Sa priorité est d’obtenir son diplôme d’ingénieur et d’être compétent dans son métier. Il a réalisé qu’il ne pourrait pas vivre décemment du judo. Alors, quand il faut faire un choix, « c’est l’entraînement qui saute, je fais passer le judo au second plan » dit-il.
Côté résultats sportifs : il participe avec son club (Pays de Montbéliard Judo) aux championnats de France 1ère division, et représente l’INSA Strasbourg aux prochains championnats de France universitaires 1ère division. En décembre, il a été cinquième aux championnats de France 2e division et compte retrouver la 1ère division. Avec la compréhension de son entreprise et de ses enseignants, il a pu suivre l’an dernier un stage de judo de deux semaines au Japon, berceau de la discipline.
Pour lui, concilier sport de haut niveau et apprentissage est « faisable ». « Mais ça demande beaucoup d’investissement et il faut avoir de bons amis pour rattraper les cours. J’ai la chance d’avoir une promo vraiment soudée » conclut-il.